Lozère,
Je t'ai sillonné, contourné, arpenté, de haut en bas, remplissant mes mollets de quelques centaines de dénivelés.
Au fil de mes pas, ton histoire m'a été conté, tes fissures m'ont été susurré jusqu'au creux de mes genoux. Le chaos de ta chaire, les larmes de ton corps ont pris forme sous mes pieds.
Lozére aux multiples visages, aride de roche et pourtant si doux sous la mousse. Accrochés a tes flancs, des verts sans pareil, conifères et châtaigniers accentuent ta silhouette. Parfois des variantes de mauve fardent tes paupières, histoire d'un soir ou d'une saison. Posé là, du gris anthracite, comme des seins en granite posés au milieu de toi. Terre nourricière ornée de mille trésors, châtaignes, champignons, bovidés, tu nous offres tes atouts comme une mère dévouée.
Au cours de ma traversée, tu m'as présentée tes enfants, fils du pays. Toutes ces belles âmes qui t'habitent si fièrement. Ils ont su t'apprivoiser, te soigner, t'écouter. Ils m'ont parlé de toi, des hivers en manteaux, de l'eau qui coule dans tes veines comme des ruisseaux. Il m'a semblé comprendre dans leurs voix chantantes, qu'il était bon de vivre à tes côtés.
Lozère, tu m'as conquise, je te quitte, mais je reviendrais me blottir dans le souvenir d'une épaule dévoilée, dans la chaleur d'une terre authentique au doux parfum d'été.